Les obus tombent sur Homs
Ch. Ly.
Mis en ligne le 08/02/2012
Damas promet d’aller jusqu’au bout pour rétablir “l’ordre et la sécurité”.
Homs, symbole de la contestation syrienne, vit depuis quatre jours au son des obus de mortiers, qui tombent à cadences régulières sur des quartiers tenus par l’Armée syrienne libre (ASL). " C’est la première fois que nous subissons une telle attaque " à Bab Amr, dit Omar Chaker, un militant joint par l’AFP depuis Beyrouth.
Les témoignages de plusieurs habitants et d’un journaliste de la BBC, Paul Wood, qui se trouve à Homs auprès des insurgés, évoquent des tirs réguliers de mortiers et d’artillerie lourde, auxquels répondent les rafales de kalachnikovs des insurgés. La panique s’est emparée des insurgés, faiblement armés. Ceux-ci craignent une attaque terrestre, voire une attaque chimique, mais il semble que les tirs proviennent de positions fixes de l’armée syrienne à un kilomètre des quartiers concernés. Les insurgés ont reçu pour consigne de ménager leurs munitions, selon la BBC. Mais ils ont aussi mené des opérations commando contre l’armée régulière.
Mardi, les tirs d’artillerie se sont concentrés sur les quartiers de Bab Amr et de Khaldiyeh. Une vidéo tournée par un militant sur le toit d’un immeuble montre des obus tombant lundi soir sur plusieurs centaines de mètres en dégageant des colonnes de fumée noire et blanche. Le militant répète comme une incantation, "Allah Akbar ", " Dieu est plus grand ".
Le ministère syrien de l’Intérieur a promis mardi matin de poursuivre les opérations contre les " groupes terroristes à Homs jusqu’à ce que la sécurité et l’ordre soient rétablis dans tous les quartiers de la ville de Homs et que toute personne armée qui terrorise les citoyens et met leur vie en péril soit vaincue."
Selon les habitants, la nourriture se fait de plus en plus rare dans les quartiers assiégés et elle est partagée dans les familles pour passer le cap de la journée. L’électricité est en partie coupée. Personne ne circule dans les rues. Des hôpitaux de fortune fonctionnent dans certains immeubles. Les morts sont enterrés au cours de la nuit.
"Les civils paient certainement le prix, témoigne Paul Wood à Homs. Dans un hôpital de campagne, un homme enveloppait délicatement le corps d’une petite fille de 7 ans dans un drap blanc. Elle avait été tuée par un obus tombé sur sa maison. Ils ont écrit son nom sur le linceul, Nuha al Manal. Comme tous les morts dans cette par tie de Homs, elle a été enterrée dans la pénombre. Ils le font ici depuis des mois. Le jour, c’est trop dangereux. Dans l’obscurité, un volontaire a emporté son corps en courant jusqu’au cimetière."
L’attaque contre les quartiers insurgés de cette ville d’1,5 million d’habitants a continué durant la visite du ministre russe des Affaires étrangères à Damas. " Assad a besoin de se montrer fort aux yeux des Russes ", juge Catherine al Talli, membre du Conseil national syrien (CNS). "Il n’a pas réussi à prendre le contrôle de Homs depuis le début du soulèvement. Maintenant qu’il a vu qu’il ne risquait pas grand-chose de la part de la communauté internationale, il veut en finir avec cette ville ."
Le régime de Bachar al-Assad peine à contenir la révolte de Homs, mais avec l’arrivée de déserteurs de l’armée, les insurgés ont étendu progressivement leur mainmise dans plusieurs quartiers de la ville.
Dans un communiqué, le Conseil national syrien et l’Armée syrienne libre ont appelé mardi les hommes d’affaires syriens et arabes à financer l’achat d’armes et de munitions, pour les " opérations d’autodéfense et de protection des zones civiles menées par l’ASL", lit-on dans le communiqué.
" Les moyens disponibles actuellement ne suffisent pas pour faire face aux attaques du régime qui reçoit un soutien en armes et en munitions et du financement de forces régionales et internationales ", ajoute le communiqué, en référence à l’Iran, la Russie et la Chine.
Les relations avec la Turquie restent par ailleurs tendues, malgré la politique turque du "zéro problème" avec ses voisins. La radio Cham FM, proche du pouvoir syrien, a indiqué mardi que des négociations avaient été entamées avec Ankara " pour la libération de 49 officiers des renseignements turcs qui opéraient dans la clandestinité avant d’être arrêtés par les autorités syriennes ". Damas aurait posé trois conditions à leur libération : un échange avec des membres de l’ASL présents en Turquie, la fin des infiltrations insurgées à partir du territoire turc et de l’entraînement présumé de l’ASL par la Turquie. Ankara ne confirme pas.
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